L’église et le monastère de Saint Vincent de Fora forment un ensemble architectural impressionnant, autant par sa grandeur imposante que par sa blancheur.
C’est l’un des plus importants monuments de Lisbonne. Certes les touristes le remarquent, mais souvent en arrière-plan et notamment depuis le belvédère de Portas de Sol.
Pourtant l’intérieur du monastère de São Vicente de Fora abrite de nombreuses curiosités que nous vous invitons à découvrir.
Que voir à l’intérieur du monastère
1 – Une étonnante collection d’azulejos
L’une des curiosités du monastère de Saint Vincent de Fora est son nombre impressionnant de panneaux de céramique recouvrant chaque coin de mur. On peut compter environ 220 panneaux composés de plus de 100 000 carreaux (azulejos).
De plus, cette quantité surprenante possède une particularité : toutes les céramiques sont « in situ », c’est-à-dire qu’elles ont conservé leur emplacement d’origine.
Les plus anciens panneaux d’azulejos du monastère se trouvent en haut de l’escalier des cardinaux, menant à la chapelle de Santo António (le saint préféré des habitants de Lisbonne). Ils datent de la fin du XIIe siècle.
Le monastère de Saint Vincent de Fora abrite l’une des plus grandes collections d’azulejos de style baroque au monde, et la plus grande du Portugal.
2 – La répartition des scènes
Les scènes représentées sur les panneaux de céramiques des couloirs du cloître, illustrent exclusivement des thèmes de la vie quotidienne d’autrefois, tels que les promenades, les pique-niques, la chasse et la pêche.
Ce n’est qu’à l’intérieur du cloître que l’on peut voir des scènes bibliques.
3 – Un réservoir d’eau et son puits
A l’époque de sa construction, le monastère de São Vicente de Fora était situé en dehors des murs de la vieille ville de Lisbonne.
Cette isolation engendra la nécessité de construire une citerne afin que les moines puissent avoir accès à l’eau potable pour leur usage quotidien. L’eau qui y était stockée était de l’eau de pluie.
Ce réservoir d’eau datant du XIIe siècle, est encore aujourd’hui en fonctionnement (les jours de pluie 🙂 ). C’est la partie la plus ancienne du monastère.
4 – Les fables de La Fontaine
Le monastère de Saint Vincent de Fora dispose d’un ensemble surprenant de 38 magnifiques panneaux d’azulejos du XVIIIe siècle représentant chacun l’une des fables de Jean de La Fontaine.
Après avoir été longtemps laissés à l’abandon, ces azulejos ont été récemment restaurés à partir de dessins originaux retrouvés. L’illustration de ces panneaux est inspirée des dessins de l’artiste Jean-Baptiste Oudry, réalisés entre 1729 et 1734.
Ces azulejos dédiés aux fables du poète français du XVIIe siècle, sont aujourd’hui visibles à l’étage supérieur du monastère. Mais où se trouvaient-ils à l’origine ?
Les panneaux des fables de La Fontaine couvraient à l’origine les murs intérieurs du cloître.
Le cloître comporte 40 arches, dont deux d’entre elles étaient alors ouvertes pour la circulation des personnes. Les 38 panneaux d’azulejos ont illustré les 38 autres arches qui sont restées quant à elles fermées.
Le livre contenant ces 38 fables (en portugais et en français) est disponible à la boutique du monastère.
5 – Le nom de « São Vicente de Fora »
L’histoire de l’église et du monastère de Saint Vincent de Fora remonte à la reconquête de Lisbonne. C’est au milieu du XIIe siècle que la première pierre fut posée.
En 1147, Dom Afonso Henriques (premier roi du Portugal) reprend la ville de Lisbonne aux mains des Maures. Il décide alors de fonder un monastère dédié à Saint Vincent (Saint Patron de Lisbonne), en remerciement pour cette conquête.
L’édifice est alors édifié « hors des murs » de la vieille ville de Lisbonne. Le nom complet du monastère de São Vicente de Fora (« Fora » signifiant « en dehors ») fait donc référence à la situation du monastère lors de sa première construction.
Quelques pierres de l’ancien monastère sont encore visibles aujourd’hui. Quant à son nom, il est toujours resté le même. 🙂
6 – L’ordonnance du monastère
L’ordonnance du monastère de Saint Vincent de Fora était l’ancienne entrée officielle de l’édifice. C’est l’un des espaces les plus richement décorés du monastère.
Le plafond, peint en « trompe-l’oeil » par Vicenzo Baccarelli au XVIIIe siècle, en est le décor le plus frappant. Cette technique de peinture en perspective a été introduite au Portugal par l’artiste italien. Le plafond a été restauré par Manuel dos Santos après le tremblement de terre de 1755.
Les murs de l’ordonnance sont décorés de tuiles bleues et blanches, l’un des panneaux représentant le siège de Lisbonne. Le sol quant à lui, est revêtu de marbre rose et gris orné d’une jolie rosace centrale. C’est d’ailleurs en vous positionnant sur cette rosace que vous pourrez le mieux apprécier la particularité du plafond en « trompe-l’oeil ». 🙂
7 – La sacristie
La sacristie est également l’une des plus belles pièces du monastère. La décoration s’est glissée dans les moindres petits recoins et aucun espace, aussi petit soit-il, n’a été oublié. Notons que le plafond visible aujourd’hui n’est pas celui d’origine, le séisme de 1755 l’ayant détruit.
Le sous-sol de la sacristie a ses petits secrets. Plusieurs tombes anthropomorphes, sculptées dans la pierre, y ont été découvertes. Il s’agirait à priori des tombes des croisés ayant aidé Dom Afonso Henriques lors de la reconquête de Lisbonne.
8 – Le panthéon royal de Bragance
L’ancien réfectoire du monastère a été aménagé en Panthéon Royal au XIXe siècle. Il abrite les tombeaux des derniers rois du Portugal, quatrième et dernière dynastie de Bragance (1640 – 1910).
On remarquera la statue d’une femme dans une attitude de prière, pleurant le visage caché dans ses mains. Il s’agit d’une oeuvre du sculpteur Francisco Franco.
Le tombeau de Dom João IV, premier roi et fondateur de cette dynastie, se situe en haut de la crypte. Celui du roi Dom Manuel II, dernier roi du Portugal et de cette dynastie, est placé quant à lui à l’autre extrémité, par opposition.
Seuls quelques membres de cette dynastie ne sont pas enterrés au Panthéon Royal de Bragance. Notamment la reine D. Maria I qui se trouve dans la Basilique d’Estrela (dont elle a ordonné la construction), et le roi D. Pedro IV qui repose au Brésil, à São Paulo.
Le monastère de Saint Vincent de Fora abrite un deuxième panthéon, le Panthéon Patriarcal où sont enterrés les cardinaux patriarches de Lisbonne.
9 – Coeurs et viscères
Les organes internes de certains rois et reines de la dynastie de Bragance n’ont pas été éliminés lors de leur embaumement. Les coeurs et les entrailles ont été conservés dans des vases et sont enterrés dans le monastère.
On les trouve encore aujourd’hui dans la Chapelle des enfants de Palhavã, où sont également enterrés deux des trois enfants légitimes de D. João V, connus sous le nom de « Meninos de Palhavã ».
Des analyses effectuées sur les fragments d’organes du roi D. João VI ont permis de confirmer son assassinat par empoisonnement en mars 1926, suite à l’absorption d’une dose importante d’arsenic.
Reprenons maintenant de la hauteur, et rendez-vous sur la terrasse. 🙂
10 – Une vue impressionnante
La terrasse de l’église de Saint Vincent de Fora nous offre une vue imprenable sur les toits de Lisbonne. On y surplombe également le Tage et le Panthéon National.
Monastère de Saint Vincent de Fora – Largo de São Vicente – Alfama – Lisbonne.