Le Tabac Monaco a ouvert ses portes en 1875 à Lisbonne, au n°21 de la Place Dom Pedro IV au Rossio. Malgré son espace tout en longueur et très étroit, le bureau de tabac fut durant longtemps l’un des centres de la vie urbaine de la Baixa.
A l’époque, le « Tabacaria Mónaco » était une étape obligatoire pour tous ceux qui étaient à la recherche de bons cigares, de tabac et de journaux. C’était aussi l’un des rares endroits où l’on pouvait trouver la presse étrangère.
Le tabac a été nommé « Tabacaria Mónaco » après la visite du prince Albert Ier de Monaco à Lisbonne à la fin du 19ème siècle. On peut d’ailleurs remarquer son buste visible à l’intérieur de la boutique.
Le buraliste accueillait régulièrement les écrivains, les artistes, les politiciens, les journalistes, et d’autres personnalités célèbres de l’époque. Tout prétexte était bon pour s’y retrouver et pour écouter les histoires du Rossio qui passaient toujours par là… 🙂
En 1894, Júlio Cesar Vieira da Cruz, fils du fondateur, décide de rénover le tabac Monaco. Raphael Bordallo Pinheiro et António Ramalho sont sollicités. La décoration n’a pas changé et a traversé de nombreuses générations.
Entrons maintenant dans un bureau de tabac datant de la fin du 19ème siècle, et commençons un voyage dans le temps.
Le Tabacaria Mónaco vu de l’intérieur
L’intérieur du Tabacaria Mónaco est un petit musée où les azulejos, les peintures, les sculptures et les boiseries sont de véritables oeuvres d’art.
Le plafond, original de part sa forme voûtée, est peint d’une fresque d’António Ramalho, représentant un ciel nuageux rempli d’hirondelles. L’artiste a également décoré certains miroirs de fleurs et de feuilles, certainement un clin d’oeil aux plantes de tabac.
De jolies hirondelles en porcelaine observent quant à elles les clients d’en haut 🙂 , en restant sagement agrippées sur des fils télégraphiques. Cette mise en scène originale est l’oeuvre de Rafael Bordalo Pinheiro.
Un petit rappel au temps où le tabac Monaco proposait à sa clientèle l’un des premiers téléphones publics de Lisbonne.
L’artiste a également réalisé, dans une petite niche, un panneau mural en céramique représentant des grenouilles posées sur des nénuphars.
Un bec verseur se trouve sous cette petite niche décorée. Il était autrefois alimenté par les eaux de Sintra. L’eau était alors servie aux clients. Il se cache aujourd’hui derrière différents articles du bureau de tabac.
Rafael Bordallo Pinheiro a également réalisé de jolis panneaux d’azulejos mettant en scène des cigognes et des grenouilles, lisant des journaux et fumant. Ces dessins font bien sûr allusion à l’activité commerciale du lieu.
Les panneaux d’azulejos recouvrant les côtés de la façade extérieure du Tabacaria Mónaco, sont également signés Bordallo Pinheiro. L’un d’entre eux représente une grenouille assise sur une feuille de nénuphar, et prenant du tabac à priser dans une boîte tenue par une patte de cigogne.
Revenons à l’intérieur du magasin où les meubles ont été conçus par Rosendo Carvalheira. On peut y remarquer de nombreux dessins sculptés dans le bois.
Le tabac Monaco, situé à proximité du célèbre café Nicola, était également un passage reliant le Rossio à la Rua 1er de Dezembro (anciennement Rua do Principe).
Des figurines en bronze gardent le comptoir. Une vieille dame, présente depuis des générations, tient inlassablement une lampe à la main. Une lampe symbolisant, semble-t-il, une flamme qui par le passé allumait sa cigarette.
Le petit chat qui l’accompagne, a quant à lui la particularité d’avoir pour queue une petite guillotine pour couper le cigare. De jolies sculptures rappelant le tabac.
Le Tabacaria Mónaco est classé monument d’intérêt public. Il se situe dans la partie de Lisbonne désignée la « Lisboa Pombalina », qui est également classée comme un ensemble d’intérêt public.
Un lieu qui mérite vraiment un petite visite, même si l’on n’est pas fumeur. 🙂